Royan / marocaine expulsée : Ça se passe ici, et maintenant, à Royan

Publié le par LDH Pays Royannais

 

Mme A. a été expulsée ce matin (vendredi 18 février). Embarquement à l'aéroport de Bordeaux, direction Casablanca. Personne pour l'attendre là-bas (1).

Sa faute ? N'avoir pas déposée plainte plus tôt contre son mari pour viol et séquestration. Avoir été sous l'emprise d'une situation dont elle a su se sortir mais tardivement. Résultat, son titre de séjour (obtenu au titre du regroupement familial) n'avait pas été renouvelé dans les temps. Et les recours, in extrémis n'ont pas abouti. Entre temps, elle a réussi à oser déposer plainte pour viol. Mais sans pouvoir apporter les preuves... Il est si fréquent qu'une femme exagère ! Il est si facile d'aller déposer plainte pour violences ! Il est si fréquent qu'une femme étrangère soit prête à tout et même à inventer à viol, inventer l'histoire de cette emprise sous laquelle elle a eu du mal à s'extraire.

Nous n'avons pas réussi à empêcher l'expulsion de Mme A.

Nous avons en revanche vu et entendu ses pleurs, son désarroi immense. Femme ballotée, trahie, bafouée et aujourd'hui dont la parole vaut moins que celle d'un conjoint.

Ensuite, tout est allé très, très, vite. Sa plainte pour viol et séquestration a été classée sans suite mardi 15 février 2011 par le procureur. Le jeudi qui suivait, le 17 février, les policiers du commissariat de Royan, suivant l'obligation à quitter le territoire français décidée par la préfecture de Charente Maritime, allaient arrêter Mme A. dans l'appartement où elle était hébergée, par l'association Tremplin 17. Dans la foulée, ramenée à La Rochelle et mise en garde à vue, elle a aussitôt été transportée, vendredi matin, à l'aéroport de Bordeaux. Point besoin de passer par le centre de rétention de Toulouse, elle avait son passeport. Faire vite pour couper court aux éventuels recours et demandes de conciliation, voire à la mobilisation de l'opinion publique.

Car oui, l'opinion publique aurait été révoltée.

Tout le monde s'avoue désolé, dépité, destabilisé. Mme A., elle, est dévastée.

Alors oui, nous adressons cette lettre pour raconter ce qu'il se passe, aujourd'hui en France, et ces jours-ci à Royan. Des étrangers qui demandent un soutien, la protection de la France, et n'ont d'autre réponse qu'un billet retour, sans plus d'égard. A peine le temps – cadeau ! – de récupérer ses affaires.

La France, par la voix de son Président, a pourtant, affirmé qu'elle apporterait soutien aux femmes victimes de telles circonstances. Sachant que la situation maritale vécue par cette femme l'expose, en plus, aujourd'hui à un rejet total de sa famille dans son pays.

Parler et partir ou se taire et subir. Tel est le seul choix que l'on donne à Mme A. et aux autres, dans des situations similaires, comme le dénonce à juste titre la CIMADE, depuis plusieurs années.

Parler et ne plus se taire, c'est le choix (devoir) que nous avons, citoyens, aujourd'hui.

Communiqué LDH section Royan, samedi 19 février 2011

  1. (1) l'association des droits de l'homme du Maroc, qui avait mobilisé des militants pour aller accueillir Mme A. à l'aéroport, n'a pu la joindre et nous restons sans nouvelles d'elle depuis son embarquement.

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<br /> "La morale de l'ordre social n'est que désordre et immoralité"<br /> (Jiddu Krishnamurti)<br /> <br /> RÉSISTANCE !!<br /> <br /> <br />
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